Marie, "chargée de mission"... pour qui et pourquoi ?

Publié le par Marie

Voilà une petite dizaine de jours que je suis de retour à Ouaga, sous la chaleur du ciel burkinabé ! Dans l’ensemble, tout se passe bien, je suis bien arrivée, j’ai bien retrouvé tout mon petit monde : Pierrick, ma chère mobylette, la maison, Ibrahim le gardien… et le Burkina, dans tout ce qu’il peut avoir de puissant et d’épuisant, de beau et de moins beau. Pour le moment, je suis encore à Ouaga, je devrais partir à Koudougou (le lieu de ma mission) d’ici lundi, afin de commencer pour de vrai mon nouveau travail. J’ai hâte de bouger et de me plonger enfin dans ma mission, mais ne pensez pas que je m’ennuie ici, il y a moult activités pour occuper ses journées et ses soirées. Côté jour, j’ai participé à deux colloques pour le boulot, l’un sur la phytothérapie et l’autre sur le moringa, un arbre aux multiples vertus nutritionnelles et médicinales. Côté nuit, il y a en ce moment « Waga hip-hop », festival international des cultures urbaines. Il y a également eu des événements important pour le Faso, comme le forum sur le développement durable (la semaine dernière), l’appel de Cotonou sur les faux médicaments, la célébration de la mort de Sankara (le 15 octobre), ou la journée mondiale de l’alimentation (le 16 octobre). J’espère avoir l’occasion de revenir sur quelques-uns de ces événements marquant dans les prochains jours/semaines.

 

Mais pour le moment, je vous l’avais promis, et cela répondra aux questions que beaucoup se posent, j’aimerais faire un petit topo sur l’association avec laquelle je vais travailler et sur ma mission en particulier. Mon nouvel employeur s’appelle donc Jardins du Monde. C’est une association française Loi 1901 dont les buts sont l’amélioration de la santé des populations démunies, la préservation d’une certaine biodiversité, la conservation et la valorisation de savoirs et savoirs-faires locaux. L’association a débuté ses activités en Amérique du Sud, plus précisément au Guatemala et au Honduras, avant de travailler également avec des communautés du Tibet, de Madagascar et du Burkina. Le postulat de base est le suivant : de nombreuses populations du Sud vivent dans une situation sanitaire très précaire ; non seulement elles doivent faire face à de nombreuses maladies et épidémies, mais en plus l’accès aux soins de santé et aux médicaments est restreint, ceci pour des raisons financière (coût des prestations et des traitements élevés), géographique (éloignement des centres de santé), symbolique et culturelle (décalage entre le système de santé "traditionnel" et les savoirs locaux, et le type de médecine proposée dans les centres de santé). Aujourd'hui, l'OMS estime que 80% de la population mondiale a recours aux médecines dites traditionnelles, utilisant la pharmacopée locale. D'un autre côté, on ne peut que constater la lente disparition des savoirs et savoirs-faires locaux, ainsi qu'une certaine dégradation de la biodiversité.

 

                                                          


C'est pourquoi Jardins du Monde vient en appui à divers groupements et/ou communautés, afin de pallier les difficultés dans l'accès aux soins de ces populations. Au Burkina Faso, JDM soutient les groupements paysans (qui en ont exprimé la demande) à produire des plantes médicinales en implantant des jardins dans les communes rurales. Toutes les plantes cultivées ont été étudiées : leur efficacité thérapeutique ainsi que leur non-toxicité ont été scientifiquement prouvées. En plus d'accompagner les producteurs dans le processus d'implantation des jardins (techniques de culture, etc), JDM propose des formations sur l'utilisation des différentes plantes cultivées et dans la vente au niveau local et international (marché équitable). Le projet s'inscrit donc dans une démarche de "développement durable", tenant compte de la conservation de la biodiversité, et des nécessités liées à la situation socio-économique dans les provinces où elle intervient.


Alors quel sera mon rôle là-dedans ? Officiellement, je suis la coordinatrice de l'antenne burkinabé, qui a été reconnue au niveau du gouvernement en tant qu'ONG locale. En réalité, je vais plutôt faire de l'appui institutionnel et du renforcement de compétences, puisque le but ultime est que la structure soit autonome après mon départ. En plus de la coordination des projets, je participerai au suivi des activités sur le terrain et au suivi des collaborations avec les partenaires insitutionnels. L'idée c'est que je soit "source de propositions" afin de faire évoluer le programme, en collaboration avec les partenaires locaux (les groupements paysans). Cela peut comporter bien des choses, comme le renforcement de la gestion financière et administrative, la mise en place d'une stratégie de recherche de fonds, l'évaluation de certaines activités et la participation aux réflexions pour en améliorer certains aspects, la formation de mes collègues aux tâches bureautiques... Bref, c'est un poste complet qui touche à tout, et pour lequel j'ai droit à une certaine marge de manoeuvre. Je me réjouis vraiment de m'y mettre à fond, et de vous raconter si tout paraît aussi beau et rose que le projet ne l'est sur le papier !


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